Tuesday, June 12, 2007

Notes "Le prisonnier de Chillon"


Notes.

1 – Lord Bayron écrivit ce beau poème dans une petite auberge du village d’Quchy, près de Lausanne, où il fut retenu par le mauvais temps pendant deux jours, en juin 1816,-- « Ajoutant ainsi, dit M. Moorc, un attrait de plus aux environs de lac déjà immortel. »

2 – « ma sœur m’écrit qu’elle a lu ce poème à M. de Luc, vieillard âgé de quatre-vingt dix ans, né en Suisse, et qu’il en a été enchanté. Il était avec Rousseau à Chillon, et il avoue que la description scrupuleusement exacte. Je me rappelai ce nom, et voici ce que je trouvai effectivement dans les confessions :

« De tous ces amusements , celui qui me plut davantage fut une promenade autour du lac que je fis en bateau avec de Luc père, sa bonne, ses deux fils et ma Thérèse. Nous mîmes sept jours à cette tournée par le plus beau temps du monde. Je gardai le souvenir des sites qui m’avaient frappé à l’autre extrémité du lac, dont je fis la description, quelques années après , dans la Nouvelle Héloïse. « ( Vol. 111, liv. V111.)

“Ce de Luc nonagénaire doit être un des deux fils. Il vit en Angleterre, infirme, mais conservant toutes ses facultés. Il est extraordinaire qu’il ait vécu si longtemps, et non moins bizarre d’avoir fait ce voyage avec Jean –Jacques, et d’avoir lu dans sa vieillesse un poème d’un Anglais qui avait fait précisément la même circumnavigation. » B. 9 avril 1817.


Le château de Chillon est situé entre Clarens et Villeneuve. Cette dernière ville s’élève à l’extrémité du lac de Genève ; le Rhône débouche à gauche de Chillon ; en face sont les hauteurs de la Meillerie et la chaîne des Alpes, au-dessus de Boveret et de Sait-Gingo ; derrière, un torrent descend le d’une colline ; le lac baigne les murs, et il a à cet endroit huit cents pieds de profondeur, mesure française. L’intérieur est distribué en prisons, dans lesquelles on renferma d’abord les protestants, puis après eux les prisonniers d’Etat. Le long du mur est une poutre noircie par le temps, et sur laquelle les prisonniers étaient exécutés. Dans les cachots sont sept piliers, ou plutôt huit : ce dernier ne fait qu’un avec la muraille. Le pavé conserve encore la trace des pas de Bonnivard, qui resta là enfermé plusieurs années. C’est près de ce château que Rousseau a placé la catastrophe qui termine son livre ; c’est la que Julie tomba dans l’eau en voulant sauver un de ses enfants Le château est vaste et s’aperçoit de très loin sur les bords du lac ; les murailles sont blanche. « L’histoire des premiers temps de ce château , « dit M. Tennant, qui le visita en 1841, « est très obscure ; Quelques historiens placent sa fondation en 1120 et d’autres en 1235 ; mais on ignore le nom de son fondateur ; Charles V, duc de Savoie, assiégea Chillon, disent les chroniques, et le prit en 1536 ; il y trouva de grands trésors et quelques malheureux qui gémissaient dans les prisons, et au nombre desquels était le grand Bonnivard. Sur le pilier où l’on dit que cet infortuné fut enchaîné, j’ai vu, gavé à la main, le nom de l’auteur dont le beau poème a plus contribué à sauver de l’oubli les noms de Chillon et de Bonnivard que les maux réels qu’a soufferts cet infortuné. »

4 L’intention de Byron n’était pas de peindre en particulier le caractère de Bonnivard ; le but du poème, comme celui du célèbre morceau de Sterne sur le prisonnier, était de considérer l’effet général de la captivité, son influence délétère sur l’intelligence, jusqu’à ce que l’infortuné arrive à ne fait qu’un avec sa prison et ses chaînes. Cette dégradation mentale repose sur des faits. Dans les Pays-Bas, où la détention perpétuelle remplace la peine capitale, on en a de nombreux exemples. A certains jours de l’année ces victimes d’une législation qui s’appelle humaine sont exposées sur la place publique, pour empêcher qu’on oublie leur crime et le châtiment qu’il a reçu . avec leurs cheveux gras, leurs traits hagards, leurs yeux que blesse la lumière du soleil, leurs oreilles qu’étonne ce bruit dont ils ont perdu l’habitude, ces malheureux ressemblent plutôt à des fantômes grossièrement taillés à l’image des hommes qu’à des êtres doués d’une âme. On nous a assuré qu’ils devenaient généralement fous ou idiots, selon que l’esprit ou le corps l’emportait, lorsque tout rapport harmonieux entre eux était rompu.

On dira peut-être que ce singulier poème est plus attachant qu’agréable. La prison de Bonnivard est, comme celle d’ Ugolin, un sujet trop lugubre pour que le peintre ou le poète puisse jamais parvenir à en adoucir l’horreur. Quelque sombre qu’en soit le coloris, ce poème rivalise avec les autres ouvrages de lors Byron, et il est impossible de le lire sans se sentir le cœur brisé à la vue de ce qu’a souffert cette innocente victime.


WALTER SCOTT

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